NOTE D'INTENTION

    Migrants, réfugiés, exilés, clandestins... ces différents mots utilisés pour désigner les mêmes personnes disent beaucoup de notre méconnaissance à propos de ces femmes et de ces hommes qui risquent leur vie pour échapper à une vie insoutenable.

    Mais est-il possible de les comprendre  ? Est-il possible d'envisager que non loin de chez nous des gens puissent vivre ainsi  ? Être indifférent, c'est se sauvegarder de notre culpabilité. Se protéger. Alors, ne pas les voir... Mais est-ce encore possible  ? Ou alors les voir sous le prisme de la peur, de la menace ou du misérabilisme. Se protéger, toujours.

    Pourtant ils sont là. Les médias nous les montrent, nous les décrivent. Des bateaux de fortune, des frontières, des naufrages, des miradors, la guerre à nos portes  ! Mais très peu souvent, on leur donne la parole. Pourquoi  ?

    Car quand on parle d'eux, c'est aussi de nous que nous parlons.  Écouter leur histoire, c'est un peu dévoiler la nôtre. Que ferions-nous si nous étions à leur place  ? Qui sommes-nous pour juger, pour décider de qui peut fuir, de qui peut rester, de qui peut trouver refuge face à l'adversité  ? Face à toutes ces questions, la société peine à trouver des réponses.

     Et puis il y a l'Art. Et puis, il y a le Théâtre. Ici, on ne cherche pas à donner des explications. Ici, on ne cherche pas à comprendre mais à questionner, à chercher, à faire aller notre humanité là où elle ne pourrait aller autrement. Faute de ne pouvoir y trouver les bonnes réponses, nous pourrons peut-être y chercher les bonnes questions.

    Alors ne peut-on pas les voir, ces femmes et ces hommes, simplement comme des êtres humains  qui cherchent à  accéder à une vie meilleure  ? Des personnes ordinaires, jetées de force sur les routes de l'aventure, qui, par là-même, deviennent des aventuriers,  les véritables héros de notre siècle ?